Même le plus long des voyages commence par un premier pas !

Cette petite maxime de Lao Tseu, lue dans L’Écho de la Noxe, m’a mis la puce à l’oreille et la plume dans la main.
Oui, ce fameux premier pas ! Il compte énormément, j’en ai fait l’expérience.

Partie à pied à plusieurs reprises de Villenauxe vers un haut-lieu de pèlerinage, j’ai pu constater moi-même à quel point ce premier pas inclut en lui-même tous les autres qui suivront, d’après le principe du « micro-cosmos » dans le « macrocosmos ». Tout se résume déjà en lui :  mes attentes, mes projets, mes inquiétudes. Il est comparable à une graine d’une plante ou d’un arbre. La plante n’est pas encore visible, mais la graine à peine éclose contient déjà tout son programme, toute sa spécificité.

Je n’ai pas compté les très nombreux pas qui m’ont menée en 2010 de Villenauxe à Saint-Jacques-de-Compostelle, cependant mon premier pas au seuil de notre maison était un pas extraordinaire que je ne suis pas près d’oublier.

Magie du premier pas ! Le sac sur le dos et le bourdon à la main. Tout commence à cet instant même. Il nous faut effectuer ce pas pour entrer dans un nouvel univers, laissant l’ordinaire derrière nous, Il nous faut une décision prise un jour, puis le Chemin fera le reste. Marcher résolument vers l’inconnu, vers un avenir où rien n’est encore écrit.

Bien sûr, Villenauxe était à maintes reprises mon point de départ. Souvent je partais vers le sud ou le sud-ouest. Une fois je suis partie vers l’ouest pour rejoindre le Mont-Saint-Michel.

Il y a deux ans m’est arrivée une curieuse aventure : je voulus me rendre à Lourdes, à pied bien sûr, à travers le Morvan, l’Auvergne, puis en
empruntant la via Podiensis du Puy-en-Velay jusqu’à Nogaro dans le Gers. De là je bifurquai vers Lourdes au pied des Pyrénées.
Logiquement, dans la première lueur matinale en sortant de Villenauxe je croisai des connaissances que je saluai joyeusement. Je causai un peu avec elles et me souhaitèrent : « Bon chemin ! »

Sept semaines plus tard, enfin au but de mon long périple, je m’apprête à visiter l’immense esplanade devant la basilique de Lourdes. Une
foule bigarrée s’y presse : des bien-portants et des malades sur leurs chaises roulantes, des familles avec des petits enfants, des corporations étrangères, des prêtres et des sœurs. Je me fraye difficilement un passage vers les robinets de la source miraculeuse quand tout à coup quelqu’un m’apostrophe derrière moi : « Hé, madame Heinrich !… euh, c’est bien vous, non ? »

Interloquée, je me retourne. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, je fais face à Anita, une Villenauxoise que je connais. On s’est déjà croisées au centre-ville, à la bibliothèque, au marché. Quelle belle surprise !

Je ne suis pas très versée en calcul de probabilité. Alors, aidez-moi : quel est la probabilité de rencontrer un Villenauxois à 800 km de notre petite ville bien-aimée ?

Anita et moi n’avons pas pu converser longtemps ensemble, la foule nous pressait de tous côtés, nous n’avons même pas eu la présence d’esprit d’aller boire un coup ensemble – quel dommage ! – mais cette fugace rencontre qui se terminait par quelques chaleureuses exhortations m’a beaucoup émue.

Celle-là non plus, je ne suis pas près de l’oublier.

SERAINA HEINRICH

La-lumiere-vient-de-l-Ouest

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